Le parcours de la flamme olympique des jeux d’hiver d’Albertville, France, 1992.
En 1992, commençait les XVIe Jeux olympiques d’hiver d’Albertville. Plus de 2 milliards de téléspectateurs de 65 pays devaient suivre cet événement sur le petit écran, et environ 800 000 spectateurs étaient attendus sur les 10 sites pour assister aux différentes épreuves. Depuis cinq ans déjà , la Savoie se préparait à ce rendez-vous exceptionnel, depuis qu’elle a appris, le 17 octobre 1986 à Lausanne, de Juan Antonio Samaranch, président du Comité international olympique (CIO) que ces XVIe Jeux d’hiver se dérouleraient chez elle. Membre des douze grandes entreprises faisant partie du Club Coubertin, la SNCF, désignée transporteur national officiel des Jeux, s’est aussitôt mise au travail. L’axe olympique, c’est à dire la ligne d’Aix-les-Bains – Bourg-Saint-Maurice, est fin prêt. De grands travaux de modernisation avaient été engagés avant même la désignation d’Albertville comme site des Jeux. La décision du CIO n’a fait qu’accélérer un programme qui se monte à près de 77 millions d’euros.
À partir de 1988, les caténaires sont arrivées jusqu’à Bourg-Saint- Maurice, terminus de la Tarentaise. En même temps, était peu à peu effectuée la mise en place d’une signalisation moderne, de la commande centralisée informatisée, qui permet, depuis le poste de commandement de Chambéry, de gérer les 80 km de voie unique et ses onze croisements. L’ensemble de ces améliorations techniques a permis aux rames TGV de pénétrer jusqu’au cœur des vallées alpines et d’accroître de 100 % le débit de la ligne. Auparavant, la gestion du trafic devenait délicate à partir d’une cinquantaine de trains, on peut maintenant en accepter plus d’une centaine par jour! 105 circulations, soit environ 60 000 voyageurs transportés en un seul samedi, c’est le record atteint en février 1991. Les temps de parcours ont été divisés par deux : en 1982, il fallait près de 8 heures pour aller de Paris à Albertville, il ne faut plus aujourd’hui que 3 heures 30 par le meilleur TGV. En décembre 1991, avec la mise en service de la partie nord de la ligne à grande vitesse du TGV Rhône-Alpes, près d’une vingtaine de précieuses minutes seront encore grignotées sur Grenoble et Chambéry. Du 8 au 23 février 1992, la SNCF doit transporter vite, bien et beaucoup: c’est-à-dire assurer en continu durant quinze jours un trafic qu’en temps normal elle ne supporte que l’espace de quelques week-ends, lors des vacances de neige. Sur la Tarentaise, en dehors des périodes de pointe, le trafic de base quotidien atteint une vingtaine de circulations. Durant les Jeux, une soixantaine de trains se croiseront en semaine et entre 90 et 100 les samedis. « A la démarche classique de préparation d’un plan de Transport lié aux vacances d’hiver, venait se superposer ce trafic spécial Jeux », expliquait Bernard Pain, chef de la division Transport de Chambéry. Des groupes de travail réunissant l’ensemble des représentants des établissements ont étudié tous les moyens supplémentaires en personnel, en matériels de toute nature, en pièces de rechange, en moyens de radiocommunication permettant de transporter plus de 150 000 spectateurs par le train.
Au total, toutes fonctions confondues, quelque 500 cheminots viendront en renfort durant la période des Jeux. Il a fallu créer au plus près de leurs postes d’intervention de véritables « bases-vie » constituées de bungalows et de camping-cars aménagés.· En fonction de la formation qu’ils devaient recevoir, les premiers agents en renfort étaient arrivés en Savoie dès la mi-janvier. Certains pour découvrir les installations dont ils auront la charge, d’autres pour se familiariser avec le matériel qui va circuler exceptionnellement sur ce secteur, notamment les rames réversibles omnibus à deux niveaux des dessertes cadencées.
L’Equipement a aussi mis le paquet. D’autant que l’hiver 1990-91 lui avait réservé de mauvaises surprises. Une semaine de neige abondante sur l’Ain et l’Isère avait, à l’époque, considérablement contrarié la marche des trains. Un TGV avait même mis 16 heures pour rallier Genève à Paris contre 3 heures 30 normalement. « Une neige très abondante et très lourde », se rappellent encore certains agents. Pratiquement quatre fois le poids normal ! Du jamais vu de mémoire de Savoyard. Les lignes aériennes d’alimentation EDF n’avaient pas résisté longtemps. Leur rupture devait rapidement perturber le fonctionnement normal des installations ferroviaires de signalisation, puisque les batteries d’accumulateurs de secours des signaux des passages à niveau ou des postes ne peuvent tenir que quelques heures. Des centaines ·d’arbres rompant sous le poids de la neige s’étaient étalés sur les voies, empêchant toute circulation. La ligne entre Ambérieu et Culoz avait, par exemple, était interrompue quatre jours durant. Il a fallu très vite, dans la perspective des Jeux, en tirer des conclusions. Aux abords des voies, on a procédé à des coupes massives d’arbres pour un coût de 1.2 millions d’euros! 24 heures sur 24, près d’une centaine d’hommes installés dans une dizaine de trainsparcs stationnés sur des voies de garage le long de l’axe olympique, veillent. Pelles, grattoirs et balais à portée de mains au cas où… De gros moyens mécaniques de déneigement, chasses-neige rotatifs, engins ou wagons équipés d’étraves, appareils servant à enlever la glace sur le rail dans les tunnels, interviendront à la moindre alerte. Afin de ne pas prendre de risques, pas question d’intercaler les dessertes fret régulières dans la grille cadencée des rames voyageurs-spectateurs de la Tarentaise. De jour du moins. Pas question non plus de les abandonner. « Nous sommes allés voir nos clients pour trouver des solutions », raconte Georges Cabal, le responsable de la division commerciale Fret de Chambéry. Une division qui, depuis trois ans, a déjà largement apportait sa contribution pour les Jeux. Elle a transporté des poutres pour la construction des ponts, des granulats pour le revêtement des routes nouvelles. Plus récemment, elle a assuré le transfert et le stockage de 20 000 tonnes de sel de déneigement sur la seule vallée de la Tarentaise, procédé au transport de près de 800 bungalows dans lesquels seront hébergés, entre autres, les cheminots. La division Fret chambérienne travaille avec deux catégories de clients ceux situés sur les axes stratégiques et ceux qui ne le sont pas, mais qui empruntent des voies stratégiques.
Reste à accueillir et à prendre en charge les invités. Les 30 000 « décideurs » français et étrangers qui emprunteront des TGV spécialement affrétés, sans oublier les 6 000 journalistes accrédités et les représentants de la soixantaine de pays représentés au Jeux, soit environ 2 000 athlètes.
A l’invitation de la SNCF, 5 000 cheminots bénéficieront de billets gratuits pour assister aux épreuves. Décentralisation oblige, ils ont été choisis dans les différentes régions au prorata des effectifs. Plus d’une centaine d’agents commerciaux Trains, près de deux cents agents de gares, 130 hôtesses bilingues ou trilingues recrutées sont mobilisés. « Nous avons fait le maximum, conclut Pierre Gaudry, le directeur régional, mais il serait prétentieux de dire qu’on a pensé à tout. »
Cet article est tiré du numéro 2330 de la vie du rail du 31 janvier 1992.
Il était une fois dans La Vie du Rail – 5) Il y a 26 ans, des trains et des jeux, 1992, les JO d’Albertville.
Albertville 1992 – Le parcours de la flamme
https://afcos.net/albertville-1992-parcours-flamme
La Poste, membre du Club Coubertin, a été chargée de l’organisation du relais. Environ 5 500 relayeurs entre 15 et 20 ans ont été choisi par tirage au sort pour porter le flambeau. Le relais faisait environ 5 536 km au total.
Le flambeau a été réalisé en acier inoxydable dans les usines d’Ugine-Savoie et symbolise les cornes des vaches de race tarentaise, il a été conçu par Philippe Starck.
La flamme, allumée selon le rite traditionnel le 13 décembre 1991 à Olympie (Grèce), est remise officiellement par le président du Comité Olympique Héllénique aux présidents du COJO. Elle rallie ensuite la France via le Concorde, à l’intérieur d’une lampe de mineur portée par Jean-Claude Killy. À l’arrivée à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, le 14 décembre, c’est la championne cycliste Catherine Marsal qui réceptionne le flambeau olympique.
La première étape française démarre et permettra de rallier 63 départements et plus de 2000 villes, en passant par le village natal de Pierre de Coubertin, au château de Mirville, jusqu’à son arrivée dans le stade pour la cérémonie d’ouverture le 8 février 1992.
Michel Platini, accompagné d’un enfant de 9 ans originaire de Savoie Maurienne, François-Cyrille Grange, a été le dernier relayeur.
https://olympics.com/fr/infos/replay-victoire-clement-noel-jeux-olympiques-hiver-beijing-2022