Les trains blindés et La Rafale en Algérie

Les trains blindés et La Rafale en Algérie

Plan:

Le contexte.

De l’Indochine à L’Algérie.

La Rafale.

Les trains blindés en Algérie.

la poste ferroviaire entre 1950 et 1962.

Le contexte:

Les événements algériens:

Soixante-dix attentats ont lieu en une trentaine de points du territoire algérien le 01/11/1954. C’est le point de départ de la guerre de libération algérienne.

C’est donc une armée française avec des soldats de métier qui est chargée de mater la rébellion dans un premier temps.

Entre mai et août 1955, 40 000 appelés du contingent débarquent en Algérie avec la mission de pacification. Le 12/04/1956, les disponibles, les officiers et sous officiers réservistes sont rappelés sous les drapeaux. L’embuscade de Palestro le 18/05/1956 où 19 soldats du contingent sont tués et affreusement mutilés va changer le visage de cette rébellion au regard du gouvernement français. Le président Guy Mollet envoie massivement des appelés du contingent en Algérie afin d’éradiquer le FLN (Front de Libération Nationale).

Cette guerre va durer de novembre 1954 jusqu’aux accords d’Evian signés le 18/03/1962 signifiant le cessez le feu.

Pour les pertes militaires françaises en Algérie, le Journal officiel du  donne les chiffres suivants :

Effectifs engagés : 1 419 125 militaires dont 317 545 d’active (22,4 %) et 1 101 580 appelés du contingent (77,6 %).

Pertes totales : 23 196 morts (plus 4 362 supplétifs) et 60 188 blessés dont :

  • militaires d’active : 11 283 morts, soit 48,6 % du total des morts ;
  • appelés du contingent : 11 913 morts, soit 51,4 % du total des morts.

L’historien français Benjamin Stora parvient à établir un bilan humain global en rassemblant les sources qu’il considère comme les plus sérieuses, recensant près de 500 000 morts, parmi lesquels :

  • près de 400 000 morts du côté « algérien musulman » ;
  • entre 15 000 et 30 000 morts harkis ;
  • 30 000 morts militaires français ;
  • 4 000 morts civils parmi les « Européens d’Algérie ».

Selon la République algérienne démocratique et populaire, 15% de la population sur 10 millions d’algériens musulmans auraient été tués par l’état français, soit trois fois plus que le recensement de Stora.

De l’Indochine à L’Algérie:

En 1946, la France se trouve engagée dans une guérilla avec le Viet-Min au Viet-Nam. La Chine, l’Urss soutiennent, arment et forment les soldats du Nord Vietnam et en 1949, la France et ses alliés, notamment américains, sont confrontés dorénavant à une guerre opposant la France et le Nord Viet-Nam. 

Une négociation internationale rassemblant la France, les Etats-Unis, l’Urss, la Chine et les pays de l’ancienne Indochine française (Cambodge, Laos, Viet-Nam) débouche sur les accord de Genève le 21 juillet 1954, donnant lieu à la partition du territoire vietnamien en deux États : au nord, la république démocratique du Viet-Nam et au sud, la république du Vietnam. 

Le 28/04/1956, toutes les troupes françaises restantes sont évacuées de la république du Viet-Nam. Le repli militaire français a commencé dès 1954. les unités sont dispatchés entre la France, la RFA (République Fédérale Allemande), le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et les colonies africaines. 

En 1954, la moitié des effectifs de la légion étrangère se trouve engagée en Indochine. C’est la légion qui fournira la majorité des équipages présents dans les trains blindés.

https://fresques.ina.fr/independances/fiche-media/Indepe00138/reouverture-de-la-route-coloniale-numero-5-au-vietnam-muet.html

la Rafale, dernier train du Transindochinois

Durement éprouvé (un légionnaire sur trois va y laisser sa vie) la légion étrangère quitte l’Indochine pour se retrouver, le temps de la traversée, plonger dans le conflit algérien. A l’aube de ce conflit, seul un régiment étranger d’infanterie (1er R. E. I.) se trouve sur place. Le 15 décembre 1954, un premier contingent, le 3e régiment étranger d’infanterie (3e REI), débarque à Alger. En tout, sept régiments ou brigades étrangères vont arriver sur le théâtre des opérations de décembre 1954 à avril 1956.

En mars 1957,  la Légion peut aligner en Algérie une dizaine de régiments et trois compagnies sahariennes portées de légion (CSPL) au Sahara.

Entre 1945 et 1960, ces effectifs sont composés de soldats à 50% d’origine allemande ou autrichienne. Ces régiments ne représentent que 5% des effectifs de l’armée de terre présent en Algérie. Pourtant leur expérience est déterminante dans la bataille des frontières. Deux frontières étaient perméables pour l’entrée d’armes pour le FLN. D’un coté, la frontière Algérie/Tunisie (ligne Morice) et de l’autre la frontière Maroc/Algérie (ligne Pédron). Les missions de reconnaissance s’enchainent et donnent de bons résultats en réussissant à accrocher et à neutraliser des éléments infiltrés ou de passage. L’approvisionnement en armes se tarie par ce biais pour le FLN.

La Rafale:

La Rafale, ce train blindé mythique circulant en Indochine, a accouché d’une petite sœur en Algérie. Suite au retour des soldats de l’Indochine, ce train circulant sur la ligne Perrégaux/Colomb-Béchar fut baptisé la Rafale en souvenir du train blindé indochinois. La ligne est à voie unique et les croisements se faisaient sur des voies d’évitement dans les gares. Cette rame était notoirement un transport de troupe en direction du Sahara et n’a jamais été un train blindé. La rame était composée de un à trois wagons plats avec du matériel de réparation(rails, traverses..),lestés de sacs de sable afin d’amortir les éventuelles mines, plus une à trois locos diesel, plus des wagons à bestiaux pour le transport de la troupe, éventuellement des wagons citernes, des wagons pour les marchandises, des wagons plats pour le transport des engins motorisés et enfin un wagon voyageur pour les officiers et sous officiers. A part pour le ou les wagons plats en tête du convoi, le reste de la rame n’était jamais composée de la même façon pour tromper l’ennemie. Ce qui n’empêchera pas de faire sauter la Rafale en 1958 provoquant son déraillement. la Rafale était importante pour les soldats, hors mis le ravitaillement, c’est elle qui amenait les colis et courriers venus de France avec l’Inox, autre train desservant cette ligne.

https://shs.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2010-1-page-81?lang=fr

Pour les algériens du FLN, couper les voies de ravitaillement et de communication, étaient des leçons qu’ils avaient retenues, du conflit de la seconde guerre mondiale. Beaucoup avaient combattus en 39/45. Les lignes de chemin de fer étaient priorisées pour des actions spectaculaires avec des déraillements. 

Attention à la vidéo suivante, certaines images sont choquantes, induite par la barbarie de l’espèce humaine. Les premières images montrent les déraillements et peuvent être regarder sans problème.

https://fresques.ina.fr/independances/fiche-media/Indepe00074/autour-du-drame-algerien.html

Les trains blindés en Algérie:

Pour parer à la guérilla du FLN qui sabotait les voies avec des mines ou des snipers qui tiraient à vue, certains trains vont être adaptés.

Cinq trains blindés seront opérationnels en Algérie à partir de 1958 ( un dans le corps d’armée d’Oran, deux dans le corps d’armée de Constantine et deux dans le corps d’armée d’Alger). 

La rame était composée d’un wagon mitrailleur, d’un wagon d’infanterie, d’une loco diésel protégée par un blindage au niveau des vitres du conducteur, d’un autre wagon d’infanterie et d’un autre wagon mitrailleur. Les wagons mitrailleurs éraient équipés de mitrailleuses de calibre 7.62mm vers l’avant, l’arrière et les côtés. Les wagons étaient protégés par un blindage intérieur. Certains ont été baptisés par un sobriquet, on connait Tortue 1 et Tortue 2. Tortue car la mise en branle d’une rame, vu le poids rajouté du blindage, faisait que la vitesse de croisière était plus lente qu’une rame normale.

Ensuite, s’y rajoutent des rames où seulement une partie du train avait un ou plusieurs wagons blindés voire un porte char. Des moyens légers sont également mis en œuvre avec un locotracteur couplé avec un wagon de tir.

Pour l’armée en Algérie, le train blindé n’est pas, en soi, un des atouts des plus performants. L’ennemi l’entend arriver de loin. Il faut prendre en compte le trafic civil des C.F.A. et rouler à contre sens n’est pas des plus aisé car il faut compter avec la marche des autres trains. Faire rouler un train militaire demande un tableau de marche avec une autorisation des C.F.A. donc une possibilité de fuites d’informations confidentielles.

L’atout principal est la force dissuasive de son armement avec une quantité importante de soldats arrivant pour éliminer un coup de force.  

Sa principale faiblesse réside dans les mines télécommandées posées par l’ennemi et faisant sauter la rame à un endroit donné.

https://imagesdefense.gouv.fr/fr/interieur-d-un-wagon-equipe.html

https://www.vosgesmatin.fr/actualite/2012/03/19/il-y-a-cinquante-ans-le-cessez-le-feu-en-algerie

https://www.croixdeguerre-valeurmilitaire.fr/wp-content/uploads/2019/01/Protection-des-voies-ferre%CC%81es-pendant-la-guerre-dAlge%CC%81rie.pdf

Des draisines blindées circulaient à intervalle irrégulier sur les voies mais elles se relevèrent des proies faciles à faire sauter. Devant ce constant, il fut envisagé des draisines radio-télécommandées avec un avantage certain: en cas de mine, seuls des dégâts matériels étaient constatés. Deux fonctionnèrent en 1961 mais cette expérience resta sans lendemain. Des véhicules routiers vont être également adaptés pour circuler sur les voies de chemin de fer (jeeps, Dodge 4×4, scout-car). En 1961, tous ces moyens sont comptabilisés et donnent 186 engins opérationnels.

La draisine était le premier véhicule qui ouvrait la voie dès l’aube et la première à sauter si une mine n’avait pas été détectée. Croyez que les bidasses qui étaient affectés à cette tâche n’y allaient pas de bon cœur. L’avantage de ce premier balayage, c’était que le premier train partant était épargné.

https://imagesdefense.gouv.fr/fr/voie-ferree-oran-colomb-bechar.html

La surveillance des voies de chemin de fer était également assurée par la troupe le long des voies, soit à pied ou motorisée, soit par avions et hélicoptères, ou par les véhicules légers blindés. Afin de procéder à la rationalisation de la surveillance des voies, plusieurs procédés ont été mis en œuvre:

Peinture du ballast, soudure des éclisses, débroussaillage des abords, pièges éclairants, tours de protection, patrouille cycliste ou avec des chiens, vigiles civiles.

350 km de clôtures métalliques furent posées le long des voies particulièrement visées par des attentats, ce qui évitait de trouver dans ces zones de faux bergers avec leur troupeaux.

http://www.babelouedstory.com/thema_les/histoire/12040/12040.html

Pour les trains de voyageurs ou de marchandises, ils étaient régulièrement accompagnés par un wagon d’escorte avec une dizaine de soldats avec un équipement radio relié aux postes militaires ou aux gares. le FLN coupant les poteaux électriques et télégraphiques sur des grandes longueurs. A partir du 05/01/1957, les escortes étaient rendues obligatoires sur tous les trains et autorails circulant sur les lignes Alger-Oran et Perrégaux-Colomb-Béchar. Ces escortes avaient pour mission d’assurer la protection des voyageurs contre les agents du FLN ayant pu s’infiltrer parmi eux, surveiller les abords des voies et riposter à toutes attaques pour assurer la défense du convoi. A partir du deuxième trimestre de 1961, la pratique des escortes fut élargie à l’ensemble du réseau ferré algérien.

Entre le 01/11/1954 et le 31/12/1955, on recense 627 attentats contre le chemin de fer. En 1961, on en comptabilise 89, ce qui tant à définir que tous ces procédés de protection ont garanti une sécurité pour les rames de voyageurs et le chemin de fer en général. Le prix à payer est aussi le nombre de jeunes gens qui y ont laissé leur vie que ce soit du personnel des C.F.A. (chemin de fer algérien) ou des soldats.

Plus de 90% des mines situées le long des voies de chemin de fer ont été découvertes par des hommes à pied et ne représentent que 3% de l’ensemble des attentats quand plus de 80% des attentats sont dirigés contre les routes et pistes.

Quand à la poste ferroviaire, sur ces lignes, à ma connaissance, on trouve dans les années 50/62:

Ligne Oran/Perrégaux/Colomb-Béchar:

Oran à Saïda en aller et retour vu 1950/58.

Ain-Sefra à Saïda vu en aller, 1962

Colomb-Béchar à Saïda en aller et retour vu 1952/57.

Vu en 1951 Kénadza à Colomb-Béchard.

Ligne Alger/Beni-Mansour/Constantine et Alger/Beni-Mansour/Bougie:

Alger à Constantine en aller et retour, vu 1953/62.

Bougie à Beni-Mancour vu en aller, grand A.

Bougie à Beni-Mansour vu en aller, grand A.

Bougie à Beni-Mansour vu en aller, petit à.

Ligne Alger/Maison-Carré/Ménerville/Tizi-Ouzou (Alger/El Harrach/Thenia/Tizi-Ouzou):

Alger à Tizi-Ouzou en retour en 1962.

Alger/Orléansville/Perrégaux/Oran (Alger/El Asnam Ech-Cheliff/Mohammadia/Oran):

Alger à Oran en aller et retour, vu jusque 1959.

Oran à Orléansville en aller et retour.

Ligne Constantine/Batna/Biskra/Touggourt:

Biskra à Constantine vu en aller.

Lettres plus grandes.
lettres plus petites.

Vu Biskra à Touggourt en retour en 1962.

Ligne Constantine/Souk-Ahras/Tébessa:

Vu Souk-Ahras à Tébessa en retour en 1953.

Ligne Constantine/Souk-Ahras/Ghardimaou/Tunis(Tunisie):

Constantine à Tunis en aller et retour vu 1953/55.

Ligne Alger/Blida/Djelfa:

Blida à Djelfa en retour, vu jusque 1962.

Lignes Bone/Saint Charles/Constantine et Bone/Saint Paul/Duvivier (Annaba/Ramdane-Djamal/Constantine et Annaba/Saint Paul/Bouchegouf):

Bone à Constantine vu en aller petit à.

Bone à Duvivier 1° vu en aller.

Ligne Oran/Sidi-Bel-Abbès/Tlemcen puis vers le Maroc:

Oran à Tlemcen en aller et retour.

Petit à.
Lettres plus grandes et grand A.
lettres plus petites et grand A.

Liens:

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe85001971/colomb-bechar-sur-les-lieux-ou-mourut-leclerc

http://dandelotmije.over-blog.com/article-je-me-souviens-la-rafale-et-l-inox-deux-trains-pendant-la-guerre-d-algerie-ces-article-108850798.html

https://paras.forumsactifs.net/t14302-deux-trains-mythiques-sur-la-ligne-oran-colomb-bechar

https://www.3emegroupedetransport.com/LARAFALE.htm

http://alger-roi.fr/Alger/transports/chemin_fer/pages_liees/135_train_inox_wagon_bar_19_6_1951_echo.htm

https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/1962-lexode-des-francais-dalgerie

Train Inox inauguré sur la ligne Oran/Colomb-Bechar.

Pour le train Inox, Oran-Béchar, il n’en avait que le nom. Les trains Inox ont bien circulé en Algérie à partir de 1951 mais sur la ligne Alger à Oran, sur la transversale Casablanca/Alger/Tunis, puis sur la ligne Constantine/Philippeville. Quand la voie métrique fut remplacée par une voie à écartement normale sur la ligne Bône/Saint Charles, ce fut l’Inox que l’on exploita. Pour le reste des autorails dit « Inox », c’étaient des anciens matériels revêtus d’une couche de peinture minium rappelant une teinte inox, bref un recyclage.

Biblio:

 

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