MIFERMA, le chemin de fer en Mauritanie

MIFERMA, le chemin de fer en Mauritanie

Repères historiques:

La pénétration française en Mauritanie se fit en premier lieu par le Sénégal. En 1855, Faidherbe mena une expédition punitive contre l’émir du Trarza et ainsi pacifié la rive droite du fleuve Sénégal. Le général Faidherbe conclut de multiples alliances entre les tribus autochtones noires et les maures. Il interdira la traite des esclaves instituée par les maures.

1902 marque le début de la pénétration française en Mauritanie et en 1903, celle-ci devient un protectorat de la France. En 1907, la Mauritanie est rattachée à l’A.O.F. et en 1920, elle devient une colonie.

Le commandant Lausanne opère la première liaison entre la Mauritanie  et l’Algérie à dos de dromadaire en 1920 et en 1926, une première liaison est faite entre Saint Louis au Sénégal et Atar en Mauritanie grâce à l’automobile. En 1930, la population de la Mauritanie compte environ 290 000 âmes.

La pacification de la Mauritanie ne se fait pas sans heurts. La bataille d’Oum Tounsi en 1932 va déclencher une vive réaction de la France, ce qui mènera à la création de la piste impériale N°1 et des forts qui la jalonnent dès 1935.

Pour les PTT, en 1950, sont présents 19 bureaux de plein exercice et 3 bureaux auxiliaires. Port-Etienne est desservie par avion via Dakar. La partie sud est desservie par automobile. Atar et Fort-Gouraud sont desservies par méharistes et par automobile. La partie nord est desservie via le Maroc par Tiznit par automobile.

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la Mauritanie acquiert le statut de département d’outre mer en 1946 avec à sa tête un gouverneur français assisté d’une assemblée locale. En 1958, elle rentre au sein de l’union française et devient indépendante en 1960.

Après l’indépendance du Maroc, à partir de 1956, le royaume chérifien, par la voix de son souverain Mohammed V, revendique la Mauritanie comme partie intégrante de son territoire. Le Maroc via l’Istiqlal a rassemblé une armée de libération aux frontières. La France et l’Espagne ont monté conjointement « l’opération Ecouvillon » pour remettre la région dans le calme. Des troupes ont été acheminées par voie de terre et de mer jusqu’à Serguiet el Hamara. Les velléités  du Maroc restent vaines et en 1968, Hassan II renonce officiellement à ces revendications.

La construction du C. de F. et l’exploitation des mines:

En 1946, on dresse pour le compte de l’AOF, une carte géologique de l’Adrar avec une particularité d’y trouver une montagne de fer posée au milieu du désert.

1957, gisement de F’Dérik. Fort-Gouraud sera débaptisée pour prendre le nom de F’Dérik.

L’administration française fait appel à un consortium privé pour l’exploitation début 1952 et en février 1952 est crée la Miferma ( société des mines de fer de Mauritanie). C’est une société de droit mauritanien domicilié à Fort Gouraud. On y trouve une société canadienne, la société Usinor, le bureau minier de la France d’outre mer qui lui est un établissement public, une société anglaise et la banque Rothschild. C’est le dernier projet de chemin de fer de la métropole envers une de ses colonies.

Un camp fut ouvert à Fort Gouraud pour une trentaine de personnes. quelques semaines après 600 personnes y étaient présentes. les premiers forages permirent d’exhumer de l’oxyde de fer presque pur. l’étude du projet les mène jusqu’en 1958 où les premiers appels d’offres sont prêts.

L’état mauritanien est à l’aube de son indépendance et c’est dans ce contexte que le capital de la Miferma est constitué avec les participations de sociétés anglaise, italienne, française et allemande. Les canadiens s’étant retirés. Pour les infrastructures, un prêt est consenti par la B.I.R.D, la Mauritanie et la France.

Huit années se sont écoulées avant que les grands chantiers ne commencent:

Pour la mine à ciel ouvert, le matériel d’exploitation est américain.

Pour le chemin de fer, une commande de 15 locomotives de 2500 cv via Alsthom plus les rails et traverses.

Train de minerai tiré par 4 locomotives diesel électrique d’Alsthom.

Le coût de la logistique sera marqué par la fourniture de l’eau, des hydrocarbures, des repas , des transport routiers et aériens en passant par le logement du personnel et la manutention du matériel.

1960, camp provisoire.

La construction d’un port minéralier à Port Etienne ainsi que des ateliers d’entretien et d’une nouvelle cité dite du Cansado pour loger le personnel et leur famille. Port-Etienne change de nom et devient Nouadhibou. Une deuxième cité sera construite à 35 km de Fort Gouraud: celle de Zouérate. En 1961, deux cliniques, deux économats et deux écoles sont construits.

http://verrsen.com/project/charlotte-perriand-x-cite-cansado/

Le piquetage de la futur voie ferré est enclanché pendant le premier semestre de 1960 et pour l’instant, tout le matériel est transporté pour Fort Gouraud par camion à travers les dunes. 110 000 tonnes de matériel vont ainsi être transportés entre Port-Etienne et Fort Gouraud.

Le 28 novembre 1960, Michel Debré, ministre des affaires étrangères au nom du gouvernement français proclame l’indépendance de la république islamique de Mauritanie à Nouakchott avec, à ses cotés, le premier président de ce nouveau pays: Moktar Ould Daddah.

En 1961, le km 100 de la voie ferré est atteint. C’est ici que l’on a foré et trouvé de l’eau. Cette eau part par wagon citerne pour approvisionner Port-Etienne, auparavant l’eau venait des Canaries par bateau. Le chemin de fer est inauguré en présence des dignitaires, pour la première fois un train circule avec des passagers en Mauritanie. La Miferma va devenir une vitrine sur le monde extérieur pour la jeune république mauritanienne. Une partie de la population mauritanienne va passer d’une vie pastorale à la confrontation avec une société industrielle, La Miferma devient un état dans l’état où l’argent est brassé à cout de millions de francs lourds. C’est la plus importante rentrée de devises pour la Mauritanie.

La construction de la voie ferrée va générer 4 millions de mètres cubes à terrasser, 800 000 mètres cubes de ballast à produire et à répandre, 1 300 000 traverses et 80 000 tonnes de rail à poser sur lesquels des trains vingt fois plus lourd que le TGV vont circuler. A chaque train de minerai est accolé un wagon de voyageurs. Il sert pour les visiteurs, le va et vient des employés et les mauritaniens qui s’acquittent d’un titre de transport. Si vous voyagez sur les wagons de minerai, c’est gratuit. Les PTT n’ont pas employé ce moyen de transport, puisqu’il appartient à une société privée.

En 1962, le tunnel, long de 2 km de Choum est percé. Les rails sont posés à raison de 2 km par jour. Le 16 avril 1963, le premier train de 10 000 tonnes de minerai s’élance pour parcourir les 569 km qui le sépare de Port-Etienne. Le 27 avril, le premier navire minéralier charge 9950 tonnes de minerai vers l’Espagne.

Le 28/11/1974, l’état mauritanien déclare la nationalisation de la Miferma qui sera intégrée à la Snim:         ( Société Nationale Industrielle et Minière de Mauritanie). La gouvernance française s’efface pour laisser les rennes à la Mauritanie.

Biblio:

Les illustrations en noir et blanc proviennent de ce livre.
1950.encyclopédie coloniale et maritime.

Liens:

Reportage de France 24:

https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1965_num_74_402_16811

L’Afrique : le continent n’a pas à dire « merci » pour son chemin de fer.

Cliquer pour accéder à Miferma_1952-1974.pdf

https://www.snim.com/index.php/operations/train.html

Reportage de la télévision RTS, Suisse:

Reportage de TF1:

https://drive.google.com/file/d/12ARER6_PHbiMwnnk2h_CCAy6rjx5Tx0R/view

Un train pas comme les autres:

https://www.dailymotion.com/video/x82kj1u

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